Secteur alimentaire : « La santé des travailleurs prime sur la productivité ! »

Depuis le début de la crise, l’alimentation figure dans les secteurs essentiels à la population. Tous les jours, les travailleurs partent au travail la boule au ventre. Dans les entreprises, ils sont confrontés à de nombreuses difficultés telles que le non-respect des normes de protection. Interview de Marie-Line Colin, Secrétaire régionale à la FGTB Horval depuis 2008.

Les premières difficultés auxquelles les travailleurs ont été confrontés : la mise en place des mesures de protection. Les consignes n’étaient pas claires. Nos délégués ont interpellé la médecine du travail et les conseillers en prévention. Résultat : des mesures plus strictes, comme la désinfection des locaux sociaux, des vestiaires, des postes de travail et l’approvisionnement en gel. Parmi ces mesures, la distanciation sociale a été compliquée à appliquer, notamment à cause de la nature de certains travaux. Enfin, l’encadrement des travailleurs intérimaires ne doit plus se limiter au travail à effectuer, mais également aux normes de protection.

Pourrais-tu nous donner un exemple concret ?

Dans une entreprise nous avons demandé de respecter les mesures de distanciation sur les postes de travail, dans les locaux sociaux et les vestiaires. La direction n’a pas tenu compte de nos demandes. Grâce au soutien de l’auditorat du travail nous avons pu les imposer. Ce n’est pas parce qu’on est dans une entreprise essentielle que l’on ne doit pas respecter les règles ! Nous avons également exigé que des masques et des gants soient mis à disposition des travailleurs qui se sentent plus en sécurité en les utilisant et pour ceux qui sont dans l’impossibilité de respecter la distanciation.

Quelles sont les revendications d’Horval pour les travailleurs du secteur ?

La première c’est la santé des travailleurs : s’assurer que tous les moyens sont mis en place afin de les protéger. Pour les travailleurs qui tombent malades, on demande que les 15 jours de maladie soient payés par l’employeur. On se rend compte que la majorité des employeurs mettent d’office en chômage économique les personnes malades. On demande également des primes journalières et des congés supplémentaires pour les travailleurs, mais les employeurs jouent les victimes. Leur argument : la productivité a baissé. La santé des travailleurs prime sur la productivité. Les travailleurs méritent une reconnaissance parce qu’ils prennent des risques. Ça sera un combat compliqué mais on ne va pas lâcher !

Pourquoi lors de cette crise le rôle du syndicat est primordial ?

Là où il y a une représentation syndicale on peut s’assurer que les travailleurs seront protégés. Là où il n’y en a pas, on ne peut pas le garantir. Tous les jours, quand nos délégués ne sont pas en réunion, ils sont sur le terrain pour informer les travailleurs et remonter leurs inquiétudes à la direction. S’ils n’étaient pas là, la productivité et la rentabilité primeraient. Ici, c’est la sécurité au travail et les revendications des travailleurs qu’on met au premier plan.