Communiqué de presse "BAROMETRE DU CACAO 2018"

" RAPPORT ESQUISSANT L’IMAGE DU CHOCOLAT NOIR:

L’AUGMENTATION DES PRIX RENFORCE LA MISERE DES AGRICULTEURS, DES ENFANTS ET LA DEFORESTATION

Pas durable : par les dégâts écologiques causés par la surproduction et l’approche insensible des producteurs, les efforts du secteur du cacao ne répondent pas au problème de pauvreté, de déforestation et de travail des enfants.

Berlin, le 19 avril 2018

Les communautés productrices de cacao, particulièrement en Afrique de l’Ouest, sont confrontées à la pauvreté, au travail des enfants et à la déforestation. Cette situation s’est aggravée à la suite de la chute rapide des prix du cacao. Les efforts largement salués de la dernière décennie de l’industrie du cacao visant l’amélioration de la vie des agriculteurs, des communautés et de l’environnement ont un impact limité. Les solutions proposées sont tellement restreintes qu’elles ne sont pas du tout à la hauteur de la problématique. Ce sont les conclusions principales du Baromètre du cacao de 2018, une évaluation bisannuelle de l’état de la durabilité dans le secteur du cacao.

Les petits agriculteurs du cacao en Côte d’Ivoire – le plus grand producteur du cacao au niveau mondial – déjà confrontés à la pauvreté, ont vu diminuer de 36% leurs revenus du cacao en un an. Cette baisse est liée à l’évolution du prix du marché mondial du cacao, qui a connu une forte diminution entre septembre 2016 et février 2017. Les agriculteurs subissent les risques d’un prix volatile ; il manque un effort coordonné de la part de l’industrie ou des autorités d’alléger ne fusse qu’une partie du fardeau de ce choc de revenu.

Cette chute du prix a été causée par la surproduction du cacao des dernières années, au détriment des forêts indigènes.  Dans la même mesure, elle peut aussi être attribuée au désintérêt que porte la vie économique quant aux effets humains et écologiques de l’approvisionnement du cacao bon marché, et aux autorités qui ne sont pas attentives au respect des zones écologiques protégées.

A part la pauvreté des agriculteurs du cacao, il se pose encore bon nombre d’autres problèmes :

Un agriculteur du cacao moyen en Côte d’Ivoire ne gagne qu’un tiers de ce qu’il ou elle devrait gagner pour avoir un revenu digne.

Plus de nonante pour cent des forêts indigènes en Afrique de l’Ouest ont disparu.

Le travail des enfants est encore fortement présent dans le secteur du cacao. Environ 2,1 millions d’enfants travaillent sur les champs de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana seuls. Le travail des enfants est dû à une combinaison de causes, dont la pauvreté structurelle, la production du cacao accrue et un manque d’écoles et d’autres infrastructures. Toutes les entreprises et les autorités ont encore un grand travail à réaliser afin de tenir leur parole et de réduire de 70% le travail des enfants d’ici 2020.

Un marché « cassé » où les agriculteurs n’ont pas un véritable influence. Alors que bon nombre des programmes de cacao actuels visent des solutions techniques relatives à l’amélioration des pratiques agricoles, les problèmes qui se trouvent à la base de toute la problématique ont à voir avec le pouvoir et l’économie politique, comme la manière dont le marché définit le prix, le manque de force de négociation des agriculteurs, la concentration de marché par les multinationales et un manque de transparence et de responsabilité des autorités et des entreprises.

“Tant que la pauvreté, le travail des enfants et la déforestation sont monnaie courante dans le secteur du cacao, le chocolat aura toujours un goût amère », dit Antonie Fountain, le co-auteur du baromètre. « L’approche actuelle n’offre pas une solution à grande échelle au problème. Les entreprises et les autorités doivent reconnaître l’urgence et réaliser un changement. Les tentatives qui couvrent moins de 50% ne sont pas des ‘solutions’. »

Les recommandations d’action reprises dans le rapport comprennent ce qui suit:

Assurer que les revenus en net soient considérés comme la clé de tous les projets de durabilité.

S’engager à un objectif sectoriel de réaliser un revenu digne.

S’engager à un moratoire mondial sur la déforestation ; attention sur l’agrosylviculture et la reforestation comme des solutions environnementales.

Évoluer d’exigences volontaires à des exigences obligatoires, sur les droits de l’homme et sur la transparence et la responsabilité.

Développer des approches sectorielles à grande échelle visant à s’attaquer aux causes du travail des enfants

Renforcer l’urgence et l’ambition de présenter l’ampleur des problèmes et de réaliser des changements qui s’attaquent aussi aux questions relatives au pouvoir et à l’économie politique, et pas seulement au niveau technique.

Disponible en ligne sur www.cocoabarometer.org, le nouveau rapport – publié par un grand groupe d’organisations sociales – est publié aujourd’hui, à l’occasion de la réunion des représentants des producteurs de cacao à Berlin lors de la quatrième conférence mondiale du cacao du 22 au 24 avril.

A PROPOS DU BAROMETRE

Le Baromètre du cacao est publié bisannuellement par un consortium mondial d’acteurs issus de la société civile ; ABVV-FGTB / Horval (la Belgique), FNV (les Pays-Bas), Green America (les Etats-Unis), Hivos (les Pays-Bas), Inkota Netzwerk (l’Allemagne), International Labor Rights Forum (les Etats-Unis), Mondiaal FNV (les Pays-Bas), Oxfam (les Etats-Unis, les Pays-Bas, la Belgique), Public Eye (la Suisse), Solidaridad (les Pays-Bas), Stop The Traffik (l’Australie/les Pays-Bas), Südwind Institut (l’Allemagne) et le réseau VOICE (Global).

Media contact

Antonie Fountain

antonie@voicenetwork.eu