En Côte d’Ivoire … Où les enfants travaillent pour notre chocolat!

Depuis des années, FGTB HORVAL suit de près le secteur du chocolat. Tant dans les négociations sectorielles qu’au niveau de l’entreprise.

Le chocolat est produit à partir de la fève de cacao, principalement importée de l’Afrique occidentale (de Côte d’Ivoire, du Ghana,…) et de l’Amérique latine. Trop souvent les fèves de cacao sont cultivées et transformées par des enfants. En Afrique subsaharienne 38 million d’enfants travaillent, soit plus d’1 sur 7! Les conséquences pour ces enfants sont énormes: des blessures permanentes, des accidents de travail, pas d’enseignement, ils se trouvent loins des parents et de la famille,…

Conny Demonie et Silvie Mariën ont participé à la première conférence mondiale sur le cacao à Abidjan (Côte d’Ivoire) afin de soutenir une économie mondiale du cacao durable. Une mission très importante, en sachant que la conférence s’est adressée aux représentants des pays producteurs et consommateurs du cacao, aux hauts fonctionnaires, aux représentants aux entreprises de production et de transformation du chocolat, aux chercheurs et aux planteurs de cacao. La concertation sociale et la lutte contre le travail des enfants est le moindre de leurs préoccupations.

Au préalable, on s’est mis d’accord avec l’EFFAT et le groupe de travail Voice (Syndicats Européens et les ONG qui travaillent sur le cacao durable) de combattre le travail des enfants et œuvrer pour la durabilité dans toute la filière cacao. Le développement durable dans la filière cacao signifie des conditions de vie décentes pour tous les travailleurs du secteur, dans un environnement durable. Ceci comporte des mesures tant au niveau socio-économique qu’au niveau environnemental:

Un revenu équitable pour les agriculteurs

un salaire décent pour les ouvriers sur les plantations, dans les services, dans les magasins, dans les entreprises de transformation du chocolat

de bonnes conditions de travail pour tous les travailleurs

le respect des droits syndicaux fondamentaux

la suppression du travail des enfants et de l’enseignement décent

ne pas utiliser des pesticides

Lors de la conférence, les syndicats européens et les ONG internationales ont reçu le soutien inattendu de la première dame Ivoirienne Dominique Ouattara avec son propre projet contre le travail des enfants. Cette pression supplémentaire a débouché sur un «agenda mondial» pour une industrie du cacao durable et «un plan d’action stratégique» avec des  mesures spécifiques!

Dans celui-ci est repris qu’il devrait y avoir entre autres des pratiques agricoles respectant l’environnement, éradiquer le travail des enfants en offrant de l’enseignement, un revenu équitable pour les planteurs afin que leurs enfants ne doivent pas travailler dans les plantations et favoriser le développement des communautés des planteurs.

Beaucoup de pain sur la planche, car comme un délégué du Ministère de l’Agriculture nous communique lors d’une visite: « C’est inhérent à notre culture que les enfants travaillent. Le travail des enfants pose seulement problème pour l’occident. Toute la problématique du travail des enfants sur les plantations de cacao vient d’un article d’un magazine américain qui a été suivi par un reportage de la BBC parce que la Côte d’Ivoire avait peur pour un embargo de cacao ils ont voté des lois contre le travail des enfant et une sorte de passeport est développé de sorte que les enfants ne puissent plus voyager sans leurs enfants. »

Par le fait de la préoccupation actuelle du gouvernement Ivoirien et des premières dames du Burkina Faso, du Mali et de la Côte d’Ivoire, notre partenaire syndical SYNA-CNRA dispose de davantage de possibilités pour sensibiliser contre le travail des enfants et l’esclavage dans les plantations. Des représentants de SYNA-CNRA  feront principalement des visites dans des régions à risque et donneront des sessions d’information. A cette occasion, les syndicats remettront aux bourgmestres et aux autres responsables des autorités qui seront invités une brochure reprenant des textes de loi contre le travail des enfants. De plus, lors de ces réunions du matériel de campagne comme des affiches et des t-shirts sera mis à disposition des travailleurs dans les plantations de cacao.

Un autre défi auquel sont confrontés les syndicats est l’arrêt du trafic international des enfants. A cet effet, il devrait y avoir plus de contrôles à la frontière. Le syndicat du transport UCRB du Burkina Faso informera les chauffeurs de camion, ce qui n’est pas évident puisque 80% des camionneurs sont analphabètes. 24 personnes sont formées à contrôler les axes routiers importants. Egalement les trains et les gares sont des endroits de trafic des enfants. Seulement lors de la guerre civile en 2011, où plus de 3000 personnes ont été tuées, il y avait une diminution du trafic des enfants.

En collaboration avec nos représentants au sein des comités d’entreprise européens nous allons démarrer la concertation internationale pour faciliter l’échange des informations syndicales dans les grandes entreprises comme Nestlé, Barry Callebaut, Cargill,…. De sorte que tant dans le nord que dans le sud nous puissions exercer davantage de pression sur les gouvernements et les multinationales pour le travail décent. Au niveau mondial, les syndicats organiseront des actions de sensibilisation dans les entreprises de transformation du chocolat.

Il faut s’engager tous ensemble pour le cacao durable sinon à l’horizon 2020 le chocolat sera devenu un produit de luxe.

Conny Demonie et Silvie Mariën