Tragique décès d’un travailleur de Clarebout, pour la 2ème fois en un an et demi

Frites et croquettes surgelées, pomme de terre sous toutes ses formes : vous avez certainement déjà consommé des produits fabriqués dans les usines Clarebout.

Clarebout, cette entreprise où, pour la deuxième fois en un an et demi, un travailleur est décédé fin octobre. Mort d’avoir voulu gagner sa vie.

Cet ouvrier travaillait sur le site de Warneton (Wallonie picarde), dans le département « logistique ». Particulièrement consciencieux, il était en charge de l’emballage des produits. Il est décédé le mardi 24 octobre dans un accident du travail.

Loin d’être isolé, cet évènement tragique fait suite à une série de graves dysfonctionnement chez Clarebout depuis un an et demi.

Deux décès en 1 an 1/2 et 81 hospitalisations

En avril 2016, c’est une jeune intérimaire de 29 ans qui est décédée sur le site flamand de l’entreprise, à Nieuwkerke (Flandre occidentale), se retrouvant emportée par un tapis roulant et étranglée.

Cet été, pas moins de 81 travailleurs de ce même site de Nieuwkerke ont dû être hospitalisés, contaminés par une forme rare de légionellose contractée sur leur lieu de travail. Malgré cette catastrophe sanitaire, et alors que la sécurité des travailleurs ne pouvait être garantie, la direction a poursuivi la production en remplaçant les travailleurs malades par des intérimaires.

Suite au décès du 24 octobre, les ouvriers de Clarebout Warneton ont arrêté le travail. Pour deux raisons : le deuil à l’égard de leur collègue décédé et de sa famille, et l’absence de sécurité au travail. « Trop, c’est trop. »

Marie-Line Colin, Secrétaire régionale FGTB Horval, présente sur les lieux au lendemain de l’accident, a écouté les travailleurs. « Le rôle d’une organisation syndicale est d’assurer que, quand on vient au travail, on soit en sécurité, malgré la productivité demandée par la direction », explique Marie-Line Colin. « Un travailleur m’a dit qu’il ne voulait plus venir travailler la boule au ventre ; un autre que, quand il débutait son travail, il n’était pas sûr de rentrer chez lui… A la suite de cette assemblée, une longue réunion s’est tenue avec la direction afin d’aboutir à un réel engagement de sa part en matière de sécurité. Suite à ces négociations, la FGTB Horval obtenu des mesures immédiates et à moyen terme devant assurer la sécurité et le bien-être des travailleurs ».

Plus jamais ça !

Dans le département logistique, là où a eu lieu le décès, la direction s’est engagée à remplacer immédiatement tout le matériel défectueux et à interdire l’accès aux zones qui représentent un danger, en attendant réparation. Un renforcement des équipes lors des audits ainsi qu’une meilleure information et un tutorat des nouveaux travailleurs engagés seront également prévus.

Deux évaluations de ces mesures auront lieu : la première dès la fin du mois de novembre, ciblée sur le département logistique, puis en janvier, dans le reste de l’entreprise, sur les autres aspects sécuritaires. « Avant de voir la direction, nous rencontrerons évidemment les travailleurs pour qu’ils nous expliquent comment, concrètement, ils perçoivent ces améliorations dans leur travail quotidien et ce qu’il faut encore adapter » précise Marie-Line Colin.

Après présentation de ces mesures, les travailleurs du département logistique et du reste de l’entreprise ont accepté de reprendre le travail. Reste qu’après ces drames, il faudra évidemment du temps et un changement très net des conditions de travail pour que les ouvriers puissent entamer leur journée sans la boule au ventre. La FGTB Horval fera tout ce qui est en son pouvoir pour arriver à cet objectif et garantir la sécurité de chacun. En tant qu’organisation syndicale, nous soutenons évidemment le développement de l’emploi mais pas dans n’importe quelles conditions ! Productivité ne peut rimer avec danger.