Formation syndicale : comprendre la société pour mieux la transformer

Le capitalisme se perpétue parce qu’il s’assure de rendre acceptable le fait que les travailleurs soient exploités. Comme une maison qui a besoin de murs porteurs et de ciment pour ne pas s’effondrer, le capitalisme a besoin que ses idées s’implantent dans la tête des travailleurs pour se maintenir. Depuis notre tendre enfance, nous sommes bercés par des théories néo-libérales et l’idée qu’il n’y aurait pas d’autres alternatives viables au système capitaliste. Notre travail, en tant qu’organisation syndicale, est de mener une lutte idéologique, c’est-à-dire une lutte qui permet de changer la perspective des gens et de redonner l’espoir dans un monde nouveau, juste et solidaire.

Comme le dit si bien Angela Davis : pour qu’une lutte soit possible, les gens ont besoin d’y croire. Et c’est notamment en changeant les discours et en montrant dans la pratique l’intérêt de s’organiser en tant que travailleurs que nous pourrons y arriver. A titre d’exemple, en 2014, la DH et Le Soir titraient à propos de la grève contre le rehaussement de l’âge de la pension : « une grève pour rien ». Ce titre, lu par des milliers de personnes, accroissait le sentiment de « TINA », there is no alternative (il n’y a pas d’alternative possible), voulu par le monde libéral.

Les discours néo-libéraux qui nous entourent nous poussent à la division et à penser que l’exploitation des travailleurs est normale. Ils nous poussent à croire que si les salaires n’augmentent pas, c’est pour protéger les entreprises, et donc les emplois. Notre travail, en tant que syndicat de combat de gauche, est de construire un contre-discours crédible et mobiliser le plus largement possible. Pour se faire, les formations syndicales, en plus du travail de terrain, sont un outil indispensable. Ces formations ont pour mission essentielle de permettre à chaque délégué de comprendre le système socio-économique dans lequel il évolue, mais également de lui apporter tous les clés nécessaires pour pouvoir débattre avec les affiliés sur le terrain.

Ces formations sont un moment où les délégués peuvent également partager leurs expériences vécues dans leurs entreprises et apprendre des uns des autres. Cela permet de participer à la création d’un sentiment collectif nécessaire à la construction d’un mouvement social et du sentiment d’une conscience de classe.

Par ailleurs, les formations ont aussi pour but de discuter des positions historiques de la FGTB reprises dans la déclaration de principe. Ces valeurs fortes et progressistes doivent être le moteur et la ligne directrice de notre travail syndical ainsi que notre socle commun à tous. C’est d’ailleurs cette colonne vertébrale qui nous différencie des autres organisations syndicales. Dès lors, comprendre ces valeurs, les analyser et les connaitre est essentiel. Nous sommes un syndicat avec une vision de classe qui veut un changement radical de la société et chaque délégué doit pouvoir en saisir le sens et le défendre.

La FGTB Horval, depuis plus de 10 ans, développe son propre Centre wallon de formation pour permettre l’organisation de formations idéologiques qui sont ancrées dans la réalité précise de ses secteurs. Ces formations, divisées en trois modules, sont un mélange de notions techniques et politiques pour mieux appréhender le monde qui nous entoure. Les sujets sont variés et tous aussi importants les uns que les autres : l’histoire du mouvement ouvrier, les politiques de sécurité au travail, la compréhension du système économique, ou encore l’importance de garantir nos libertés syndicales. Lors de ces formations, nous avons pu bénéficier des interventions de Jean-François Tamellini, Secrétaire général de la FGTB wallonne ou encore de Selena Carbonero, Secrétaire fédérale de la FGTB. Pour le cycle 2021 – 2022, ce sont plus de 93 journées de formations qui ont été données, ce qui représente des centaines d’heures de discussions et de débat.

Tous les travailleurs du pays - et du monde - sont unis par l’exploitation qu’ils subissent et par la mauvaise répartition des richesses. C’est à partir de ce constat qu’une conscience de classe se développe, la conscience que les travailleurs et le patronat font partie de classes distinctes qui s’opposent et que cette classe travailleuse doit absolument s’organiser pour renverser le système économique dans lequel nous vivons.