Du 12 janvier au 17 janvier, le syndicat tunisien FGAT-UGTT a visité la Belgique.

Depuis 1951, la FGTB entretient des contacts avec l’UGTT. HORVAL a approfondi cette collaboration lors du Forum Social Mondial de l’année passée. Houcine Krime et Ridha Bouazza ont échangé des expériences avec plusieurs sections régionales de HORVAL au sujet des points suivants : la stratégie syndicale dans des entreprises communes, les conditions de travail dans les entreprises de traitement du poisson, l’accès aux formations horeca pour les personnes peu qualifiées, la garde d’enfants, la communication, la concertation syndicale, la formation pour les militants, le système de la sécurité sociale, les libertés syndicales, …

Du 12 au 17 janvier, Houcine Krime et Ridha Bouazza de la FGAT-UGTT (la Fédération de l’Alimentation et du Tourisme de l’Union Générale Tunisienne du Travail) ont visité plusieurs régions HORVAL. Comment sommes-nous parvenus à cette collaboration syndicale…

Bref historique

L’UGTT est la confédération syndicale principale de la Tunisie.

Le mouvement syndical en Tunisie a vu le jour au début des années 1920, les premiers jours du nationalisme. La Tunisie était encore un protectorat français à cette époque-là, ne l’oublions pas, et elle n’est devenue indépendante que le 20 mars 1956, sous Habib Bourguiba qui fut le premier président de la Tunisie.

Le 20 janvier 1946, Farhat Hached a créé l’UGTT.

Depuis sa création, l’UGTT est très présente dans la lutte pour l’indépendance, liée à de véritables exigences syndicales pour améliorer la situation de la population ouvrière tunisienne.

En 1951, l’UGTT devient membre de la Confédération internationale des Syndicats Libres (la CISL), le prédécesseur de l’actuelle CIS (Confédération Internationale des Syndicats). A ce moment-là, on comptait quelques 120.000 membres.

Le soutien international dont bénéficie l’UGTT de cette manière est important pour ses activités internes contre le régime colonial français. Pour info : cette CISL, plutôt inspirée du socialisme, a été créée en 1949, dont la FGTB est un des membres fondateurs. Lorsque l’on parle de l’UGTT en tant que partenaire historique de la FGTB, il faut savoir que les relations datent donc de cette époque-là.

À partir de 2008, l’UGTT assumera également un rôle essentiel lors de grèves, manifestations et d’actions qui ont contribuées à la « révolution du Jasmin » en Tunisie et à la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011.

Pour être précis, l’UGTT n’était pas l’initiatrice de la révolte, mais bien de jeunes chômeurs, après que Mohamed Bouazi, diplômé, mais vendeur de fruits au chômage, se soit immolé par le feu (le 17 décembre 2010) à Sidi Bouzid. Mais, les syndicalistes ont encadré les jeunes et les ont aidés à formuler leurs revendications. Et ensuite, bon nombre de syndicalistes ont participé au mouvement de protestation, et les grèves organisées par l’UGTT (ayant des revendications tant syndicales que politiques) ont augmenté la pression sur le régime de Ben Ali, jusqu’à sa fuite à l’étranger le 14 janvier 2011.

En mars 2013, le Forum Social Mondial a été organisé à Tunis. Plus de 4000 syndicats, mouvements sociaux et ONG ont échangé des expériences sur e.a. les processus de démocratisation, la participation des travailleurs et les libertés syndicales. Une violation des libertés syndicales nous a mis en contact étroit avec les membres de la FGAT-UGTT.

En Tunisie, Mondelez possède 49% d’un des plus grands producteurs de biscuits de l’Afrique, SOTUBI, dont l’usine à Tunis fabrique des marques de Mondelez, comme TUC. 1600 personnes travaillent dans cette usine, dont des centaines ont un contrat précaire. Lors des négociations pour une nouvelle CCT en juillet 2012, le secrétaire-général du syndicat local a été licencié sur le champ parce qu’il représentait et rencontrait les travailleurs qui l’avaient élu. Ensuite, le secrétaire-général suppléant a été licencié.

En collaboration avec l’UITA, la FGAT-UGTT a organisé une conférence de presse et une campagne internationale www.screamdelez.org afin de revendiquer la réintégration de ces personnes. La FGTB HORVAL a exprimé sa solidarité sur place et en même temps, elle a distribué des tracts dans les établissements de Mondelez en Belgique afin d’aborder ces pratiques illégales. Le résultat est seulement partiellement satisfaisant. Seule 1 personne a pu reprendre le travail. La lutte n’est donc pas encore entièrement terminée…

Afin de renforcer la force de frappe syndicale contre quelques-unes de ces multinationales, la FGTB HORVAL a conclu un accord de collaboration avec la FGAT-UGTT.

Par conséquent, les 2 camarades Houcine et Ridha ont visité :

Ostende: Dans une édition précédente, nous avons déjà abordé les conditions de travail épouvantables des décortiqueuses de crevettes au Maroc. Au travers de la FGAT-UGTT et leur syndicat partenaire UMT du Maroc (Union Marocaine de Travail), un échange sera organisé avec la secrétaire régionale Conny Demonie de façon à ce que ces femmes obtiennent davantage de protection sociale.

Tournai: Marie-Line Colin et Agnès Detournay leur donnent davantage d’explications sur l’organisation syndicale de garderie, à savoir « les Galipettes » et approfondissent les possibilités qui existent pour aider les personnes peu qualifiées à obtenir un diplôme dans le secteur horeca.

Namur: Patrick Mertens et Tiphaine Malchair les conduisent à travers les Ardennes belges pour rendre une visite syndicale à la brasserie de Maredsous.

Bruxelles: Les collègues du centre de formation leur donnent des explications concernant les possibilités de formation pour nos militants et ils reçoivent une formation dans les bureaux de l’ONSS pour leur expliquer l’organisation du système de sécurité sociale en Belgique. Ils rencontrent également Christian Vancoppenolle et Sophie Grenade du département international de la FGTB qui entretiennent les contacts avec l’UGTT.

Actuellement, l’UGTT joue un rôle pivot dans les négociations du dialogue national et elle revendique que le modèle économique du pays soit revu. Elle exige des revalorisations salariales et un renforcement des lois qui protègent les salariés des zones franches, où, sous le régime de Ben Ali, les syndicats et les droits sociaux n’existaient pas ou pratiquement pas.

L’UGTT veut également un engagement fort contre les privatisations des entreprises publiques et met en garde contre les projets multiples du type PPP (Partenariats public-privé) où l’Etat tunisien n’aurait plus de droit de regard sur la gestion des chantiers économiques. Ce succès a été salué par l’Union Européenne et a été confirmé par la visite d’une délégation de l’UE qui a été présidée par un représentant spécial de l’UE « Brandino Lunno » qui a exprimé sa grande satisfaction vis-à-vis du rôle joué par l’UGTT afin de surmonter cette crise et de couronner de succès le processus démocratique.

Un mot de la délégation:

A ce propos, nous souhaitons vous rappeler que le tourisme est l’un des principaux moteurs de notre économie et qu’il est créateur d’emplois. Dans ce contexte, c’est un grand honneur pour nous que vous nous souteniez et aidiez en encourageant vos compatriotes, les habitants de la Belgique, à venir nombreux pour visiter les belles plages de la Tunisie cet été où ils seront bien accueillis dans les différents hôtels.

Pour finir, nous voulons transmettre nos plus sincères salutations fraternelles et syndicales à nos camarades.